Le poids de la neige

Le poids de la neige

Lecture précieuse aux éditions La Peuplade ! (qui date de 2019 mais peu importe)

Le poids de la neige raconte une rencontre aussi fortuite que celle d’un parapluie et d’une machine à coudre, mais sous la neige.

Les flocons tombent sur la véranda où sont réfugiés deux hommes à la fois déterminés et perdus ; l’épaisseur de la neige rythme l’histoire. Chaque numéro de chapitre s’accroît et décroît. Jusqu’à ce que les poutres du toit commencent à faiblir. Et les personnages à inverser leurs rôles.

Qui sont-ils ? Mathias, un homme de passage qui rêve de repartir voir sa femme hospitalisée en ville ; et l’autre un mécanicien accidenté, aux jambes cassées, qui refuse de parler.

Où ? Dans une maison abandonnée à l’écart d’un petit village. Car l’électricité a sauté, ici comme dans le reste du pays, et du monde. Ce texte s’apparente au genre post-apocalyptique, mais sous un angle poétique. Eh oui, c’est possible.

Dans un monde où l’énergie n’est plus disponible, la vie à l’ancienne retrouve ses habitudes. On mange des conserves, on surveille le bois dans le poêle pour maintenir le feu, on attend les nouvelles du village.

Avec subtilité et une économie de mots évocatrice, Christian Guay-Poliquin fait monter la tension et tisse une relation d’amitié autant que de détestation entre les deux hommes. On frôle le désastre et parfois la mort. On croise quelques habitants, on écoute l’écho de leurs secrets, car la maison est loin du bourg. Et on attend avec eux en se demandant si la véranda va s’effondrer, si Mathias va repartir, si l’inconnu va survivre.

La fin arrive et elle surprend par son enthousiasme. Bien sûr, le lecteur se doute de certains coups bas du destin. Mais les personnages aussi, ils veulent seulement les tâter du doigt pour pouvoir passer au printemps après la fonte.

Je n’en attendais pas grand-chose au départ . Plus fort s’est révélé le plaisir de lecture.

Bien sûr, certains aspects m’ont un peu moins plu, mais l’imperfection donne de la profondeur au reste. Je garde en mémoire le bruit des raquettes qui s’enfoncent, la chaleur du poêle, et l’ouverture finale.

Christian Guay-Poliquin a publié d’autres romans aux éditions La peuplade. Les lire tout de suite ? Non ! J’ai horreur de me presser quand il s’agit de savourer les bonnes choses (les livres comme le reste). Plutôt laisser monter l’envie de les lire, en les regardant de temps en temps du coin de l’oeil, jusqu’à ce que la neige du premier ait fondu.

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