Merci, Rosny !
L’inoubliable Guerre du feu est la porte d’entrée dans l’œuvre de J.-H Rosny aîné pour de nombreux lecteurs. Pas pour moi. Je ne l’ai lu qu’assez tard, quand j’avais 20 ans. Ma première rencontre avec cet auteur a été marquante et a eu lieu grâce à un livre d’occasion trouvé dans une bouquinerie. Un ou deux francs, à l’époque. Je devais avoir 12 ans et je l’avais acheté avec l’argent offert par ma grand-mère pour Noël. C’était Les Xipéhuz. L’histoire d’une lutte entre des humains du paléolithique et une intelligence de cristal.
En premier lieu, l’idée d’une forme de vie (ils communiquaient et se reproduisaient) minérale m’avait séduite. Et l’incommunicabilité entre les deux espèces, fascinée — ça n’a guère changé depuis. Mais surtout, la scène de Bakhoûn se lamentant sur la disparition des êtres qu’il avait combattus et vaincus m’avait frappée. Je l’ai toujours en tête.
(À l’époque, les aspects misogyne et religieux du texte m’échappaient)
Tout est là : la violence, l’absence de dialogue, la nécessité de survivre, le massacre et la détresse qui s’ensuit, l’impression d’être passé à côté du plus important. Ce n’était pas ma première rencontre avec l’altérité en SF, mais une belle étape qui a compté. Une référence.
Pourquoi évoquer Rosny aîné aujourd’hui ? Non par nostalgie, car les thèmes abordés dans Les Xipéhuz sont malheureusement éternels, mais par surprise.
Rosny aîné a donné son nom à un prix remis chaque année lors la convention française de science-fiction. Il récompense un roman de science-fiction, donc.
Sa particularité ? C’est un prix de lecteurs et de lectrices qui se déroule en deux étapes. La première : tout le monde peut voter en ligne pour un roman (il y a aussi un prix de la nouvelle) paru dans le courant de l’année précédente. Les cinq premiers de ce classement sont ensuite départagés pendant la convention d’août par les participants.
Cette année, c’est Paideia qui a reçu le prix.
Et « Le fils du fossoyeur » de Nicolas de Torsiac qui a reçu celui de la nouvelle ; que je félicite chaudement au passage !
Recevoir un prix remis par des lecteurs, c’est quelque chose. Surtout quand on a le sentiment de ne pas avoir écrit un texte vraiment grand public. C’est même une sacrée surprise.
Je voudrais donc profiter de cette notule pour remercier toutes les personnes qui ont voté pour ce roman. Car au bout du bout, c’est bien pour les lecteurs qu’on écrit.
Alors, merci, merci et encore merci, du fond du cœur.
Ah, et aussi : lisez Les Xipéhuz !