Le laboratoire des cas de conscience

Le laboratoire des cas de conscience

La première fois qu’on m’a demandé pourquoi j’écrivais, j’avais neuf ans et ma réponse a été : je ne sais pas.

Depuis, j’ai eu le temps de réfléchir.

Des réponses, j’en ai plusieurs (dont certaines que je refuserai de révéler jusqu’au bûcher exclusive), mais l’une se retrouve incontestablement (et à ma grande surprise) dans ce petit essai de Frédérique Leichter-Flack.

Je me souviens d’avoir fait un constat identique chez Ignace de Loyola et Confucius : l’adaptation de la morale au contexte. Et quels contextes ! L’humain est expert en complications émotionnello-rationnelles. Alors quand je lis sous la plume de l’autrice que la « littérature contribu[e] à l’élaboration d’un raisonnement moral ancré dans un contexte spécifique », je me sens chez moi.

Elle ne se contente pas de l’affirmer, elle en fait la démonstration, et c’est ça qui est passionnant. Rassemblées en trois grandes parties intitulées « Juger », « Choisir » et « intervenir », les courtes études de textes connus se succèdent. « Billy Bud », nouvelle d’Hermann Melville, est l’occasion d’une réflexion en plusieurs étapes sur la culpabilité et le châtiment, mais surtout sur la place à donner à l’émotion dans cette réflexion. Idem pour d’autres titres qui sont tous cités en annexe à la fin (Camus, Kafka, Dostoïevski…).

Si je ne partage pas toutes ses réflexions, par exemple quand elle parle du roman de Styron, Le choix de Sophie, qui selon elle nous « enferme dans la souillure et la complicité avec le mal », je retrouve totalement un aspect de ma démarche d’écriture dans sa conclusion :

« La littérature ne dit pas où est le bien et où est le mal, mais apprend à regarder de plus près ce que l’on prend souvent trop vite pour l’un ou pour l’autre ».

Cet essai propose donc une relecture un peu différente de textes bien connus, et invite à se reposer des questions sur notre propre écriture.

Le laboratoire des cas de conscience

Frédérique Leichter-Flack

Champs/Essais

10 €

222 p.

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